(Octobre 22, 2024) Des champs ensoleillés du Pendjab d'avant la partition aux prestigieuses universités des États-Unis, le parcours de Rattan Lal montre comment les expériences indiennes peuvent transformer les défis mondiaux. Autrefois enfant agriculteur travaillant sur les modestes terres de sa famille, il est devenu une figure de proue de l'amélioration de la sécurité alimentaire pour plus de deux milliards de personnes.
Récemment récompensé par le prix Gulbenkian pour l'humanité 2024, les recherches révolutionnaires de Lal en science des sols remodèlent la compréhension de l'agriculture durable et de son rôle vital dans la résolution des problèmes mondiaux urgents, inspirant espoir et possibilités. Avec une carrière s'étalant sur plus de cinq décennies, ses distinctions comprennent le prix Nobel de la paix, le prix mondial de l'alimentation et le Padma Shri, entre autres. En 2014, il a été reconnu dans la liste Thomson Reuters des esprits scientifiques les plus influents au monde. En 2022, le président américain Joe Biden a nommé ce scientifique Indien du monde au Conseil pour le développement international de l'alimentation et de l'agriculture (BiFAD), faisant de lui un conseiller clé sur la politique agricole mondiale.
Dans un monde où les enjeux n’ont jamais été aussi élevés, Lal fait office de phare, plaidant pour le respect et la dignité de l’agriculture afin d’attirer la prochaine génération. « La profession agricole doit recevoir le respect et la dignité qu’elle mérite », a-t-il souligné dans une interview, soulignant son engagement en faveur d’une vision holistique de l’innovation agricole qui englobe les entreprises, le monde universitaire et l’industrie à l’échelle mondiale.
De réfugié à scientifique renommé
Né en 1944 dans la région du Pendjab, dans l’Inde britannique, Lal a vécu sa jeunesse dans des conditions difficiles et dans des conditions de déplacement. Sa famille, qui vivait de l’agriculture de subsistance, a perdu ses terres lors de la partition et a vécu dans des camps de réfugiés pendant deux ans. Après s’être réinstallés en Inde, la famille Lal a cultivé moins de deux acres de terres semi-arides, confrontée aux difficultés quotidiennes des petits exploitants agricoles : sécheresses, mauvaise qualité des sols, infestations de parasites et manque d’outils agricoles modernes. C’est là, alors qu’il était enfant et cultivait sur les terres familiales, que Lal a pris conscience pour la première fois de la relation fragile entre le sol et la subsistance.
Ces premières expériences ont semé les graines de sa passion de toute une vie pour la gestion des sols, le poussant à explorer les moyens d’améliorer la productivité des sols, en particulier pour les petits exploitants agricoles comme sa propre famille.
« Mon intérêt pour les sols et leur gestion remonte à mon enfance, lorsque j’ai grandi dans une ferme familiale du nord-ouest de l’Inde. À cette époque, sans engrais, sans tracteurs ni pompes électriques, le bien-être des familles dépendait des sols et de leur capacité à produire des cultures. » – Rattan Lal
L'éducation en Inde et à l'étranger
Lal a obtenu son baccalauréat en sciences de Université agricole du Pendjab et sa maîtrise de l' Institut indien de recherche agricole. Un moment important s'est produit dans les années 1960 lorsqu'un professeur de l'Université d'État de l'Ohio a remarqué son talent et lui a obtenu une bourse pour qu'il puisse poursuivre un doctorat en science des sols, qu'il a terminé en 1968. Cela a marqué le début d'une carrière illustre qui allait s'étendre sur plus d'un demi-siècle, laissant une marque indélébile sur l'agriculture et la science de l'environnement à l'échelle mondiale.
Début de carrière – Au Nigéria
L'une des expériences les plus formatrices de Lal a eu lieu pendant son séjour en tant que physicien des sols à l' Institut international d'agriculture tropicale (IITA) au Nigéria. C'est là, alors qu'il étudiait les effets de la déforestation sur la santé des sols, que Lal a fait une découverte révolutionnaire : l'élimination des arbres et de la végétation a entraîné la disparition du carbone organique et des nutriments essentiels du sol, rendant la terre stérile. En réponse, Lal a développé des pratiques telles que le paillage, l'agriculture sans labour et la culture de couverture pour restaurer les nutriments et la matière organique perdus, régénérant ainsi efficacement la fertilité du sol.
Ses découvertes ont non seulement révolutionné les pratiques agricoles locales, mais ont également attiré l’attention du monde entier. Des scientifiques du monde entier se sont rendus au Nigéria pour voir ses parcelles expérimentales, s’émerveillant de la façon dont Lal avait réussi à redonner vie à des sols dégradés. Ces recherches ont jeté les bases de ses futurs travaux sur la séquestration du carbone, en montrant comment le sol pouvait servir de puits naturel pour le dioxyde de carbone atmosphérique, jouant ainsi un rôle crucial dans l’atténuation du changement climatique.
De retour dans l'Ohio : diriger le monde
En 1987, Lal est retourné à Ohio State University, où il a créé le Centre Rattan Lal pour la gestion et la séquestration du carbone. Au cours des décennies suivantes, ses recherches se sont concentrées sur la transformation des sols dégradés en sols sains et productifs, non seulement pour le bénéfice de l’agriculture, mais aussi pour le bien écologique. Ses modèles ont démontré qu’en rétablissant la santé des sols, l’humanité pourrait doubler les rendements céréaliers annuels mondiaux, réduire de 30 % la superficie des terres utilisées pour la culture des céréales et réduire considérablement le besoin d’engrais chimiques, qui contribuent à la dégradation de l’environnement.
En 2004, le scientifique a publié un article historique dans Science intitulé «Impacts de la séquestration du carbone dans le sol sur le changement climatique mondial et la sécurité alimentaire.” Dans cet article, Lal a été l’un des premiers à affirmer que la restauration de la matière organique dans le sol pourrait aider à éliminer le dioxyde de carbone de l’atmosphère. « Le sol peut être un outil puissant pour atténuer le changement climatique », a soutenu Lal. Cette idée est depuis devenue une pierre angulaire des stratégies d’atténuation du changement climatique et reste l’un des travaux les plus cités en sciences environnementales.
Il continue d’être considéré comme un chercheur très influent, avec plus de 1,000 100 articles de revues à comité de lecture et plus de XNUMX livres (écrits et édités) à son actif.
Un travail en phase avec les Objectifs de développement durable 2030 de l'ONU
Les cinq décennies de travail de Lal sont profondément alignées avec la Objectifs de développement durable des Nations Unies (ODD), établis en 2012, notamment ceux axés sur l’éradication de la faim, la lutte contre le changement climatique et la garantie d’écosystèmes durables.
Il a souligné que l’une des lacunes des Objectifs de développement durable est que le mot « sol » n’est pas spécifiquement mentionné dans la langue principale d’aucun des 17 Objectifs, bien que le mot « terre » soit inclus dans l’ODD 15.
« Il est désormais largement reconnu que la protection, la gestion et la restauration de la « santé des sols » sont essentielles pour atteindre plusieurs ODD (tels que les ODD 1, 2, 13, 15 et autres). L’accent mis sur l’amélioration de la santé des sols peut encore permettre d’atteindre plusieurs ODD dans les années à venir. » – Rattan Lal
Ses recherches pionnières sur l’agriculture régénératrice et la séquestration du carbone dans les sols abordent directement l'Objectif de Développement Durable (ODD) 1,: Pas de pauvreté en améliorant les moyens de subsistance des petits exploitants agricoles, ainsi que l'Objectif de Développement Durable (ODD) 2,:Zero Hunger, améliorant considérablement la sécurité alimentaire mondiale grâce à des pratiques agricoles durables. En se concentrant sur la restauration de la santé des sols pour atténuer le changement climatique, ses efforts trouvent un écho auprès des l'Objectif de Développement Durable (ODD) 13,:Action climatique. De plus, son plaidoyer pour la préservation des écosystèmes soutient l'Objectif de Développement Durable (ODD) 15,:La vie sur terre. Comme le dit si bien Lal, « une bonne alimentation est aussi un bon remède », soulignant l’importance cruciale d’une agriculture soucieuse de la nutrition pour atteindre ces objectifs mondiaux.
Redonner aux agriculteurs et à la terre
Malgré ses réussites académiques, Lal n’a jamais oublié les difficultés des petits exploitants agricoles comme sa propre famille. Son travail de toute une vie a consisté à redonner à la terre et aux personnes qui en dépendent. Ses techniques de restauration de la santé des sols sont désormais utilisées sur tous les continents, de l’Afrique à l’Asie en passant par les Amériques. Plus de deux milliards de personnes ont bénéficié d’une meilleure sécurité alimentaire grâce à ses méthodes agricoles centrées sur les sols.
« Il est important de maintenir les prix des denrées alimentaires à un niveau bas, mais cela ne doit pas se faire au détriment des moyens de subsistance des agriculteurs ni de la dégradation des sols de notre planète. » – Rattan Lal
En tant que fervent défenseur de l’agriculture durable, il a travaillé sans relâche pour que ses conclusions se traduisent en politiques concrètes. En 2021, lui et son équipe ont lancé le projet C-FARM sur l’agriculture du carbone, qui vise à fournir une validation sur le terrain de la manière dont le sol peut capturer et stocker le dioxyde de carbone.
Grâce à son leadership, des initiatives telles que Sols Vivants dans les Amériques ont vu le jour, créant des collaborations internationales visant à préserver et à améliorer la santé des sols.
Une mission à vie
À 79 ans, le Dr Rattan Lal continue de défendre des politiques qui soutiennent l’agriculture durable, en tant que titulaire de la chaire de science des sols et ambassadeur de bonne volonté de l’Institut interaméricain de coopération pour l’agriculture. Bien que ses nombreuses distinctions, dont le prix Gulbenkian 2024, reconnaissent sa contribution à la protection de l’avenir de la planète, Lal estime que le travail est loin d’être terminé. Sa vision de l’avenir implique une coopération mondiale continue pour améliorer la gestion des sols, garantissant que les générations futures hériteront d’une planète capable de nourrir sa population tout en prospérant sur le plan écologique.
Le Dr Lal non seulement comble le fossé entre les pratiques agricoles traditionnelles et la science moderne, mais sert également d’inspiration à la diaspora pour mettre à profit ses expériences et ses connaissances indiennes pour l’amélioration du monde.
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